Le trader, les yeux rivés sur l'écran, ressentait une tension familière dans les épaules. Le moment d'entrée était idéal. Il avait patiemment attendu des jours que le titre technologique, leader du marché, se replie après avoir atteint ses récents sommets. Il avait identifié le niveau de retracement de 50 %, constaté sa convergence avec la moyenne mobile à 100 jours et attendu la confirmation d'une bougie de retournement haussière. Celle-ci s'afficha parfaitement : une bougie en marteau classique.
Il a pris position, plaçant son ordre stop-loss sous le niveau de 61,8 %. À présent, sa position était largement profitable. L'action avait rebondi et se rapprochait de son précédent sommet.
Et la véritable bataille commença. Une voix de peur murmura : « Vends maintenant. Empoche les bénéfices avant qu'ils ne disparaissent. » Une voix plus forte, plus avide, rugit : « Tiens bon. Ça va exploser ! »
Ce conflit interne est l'ennemi de la rentabilité. Une stratégie d'entrée permet au trader d'intégrer le marché, mais c'est la stratégie de sortie qui assure la rentabilité. Sans plan logique et prédéterminé pour la prise de bénéfices, le trader est à la merci de ses propres émotions contradictoires. Il risque de vendre trop tôt et de rater l'opportunité d'un mouvement, ou de conserver ses positions trop longtemps et de voir une position gagnante se transformer en position perdante.
C’est là que la suite de Fibonacci révèle sa seconde fonction, sans doute la plus puissante. Tandis que les retracements permettent d’identifier le point d’arrêt potentiel d’un repli, les extensions de Fibonacci projettent la trajectoire de la prochaine vague d’impulsion. Elles offrent une feuille de route fondée sur les données pour fixer des objectifs de profit, transformant ainsi l’acte émotionnel de la vente en une exécution stratégique.
Le chemin à parcourir : du retracement aux extensions de Fibonacci .
Un retracement est une analyse rétrospective. Il mesure l'ampleur du mouvement précédent qui a été effacé. Une extension est une analyse prospective. Elle projette les objectifs de prix potentiels dans le sens de la tendance principale. Elle répond à la question cruciale que tout trader se pose après une entrée réussie : « Jusqu'où cela peut-il aller ? »
Cette application diffère de l'outil de retracement. Un retracement est un outil à deux points, tracé du début à la fin d'un mouvement. Une extension est un outil à trois points, nécessitant l'identification de trois niveaux de prix distincts :
- Point A : Début de la vague d’impulsion principale. Dans une tendance haussière, il s’agit du point bas significatif.
- Point B : Fin de l’onde d’impulsion principale. Il s’agit du point haut de l’oscillation.
- Point C : Fin du retracement correctif. Il s’agit du point bas de la correction, le moment précis où le trader avisé a pris position.
Une fois ces trois points marqués par le trader, le logiciel projette une série de nouvelles lignes sur le graphique. Ce sont les niveaux d'extension. Ils ne sont pas inclus dans le mouvement initial. Ils sont projetés dans l'espace libre à droite du graphique, fournissant des cibles objectives et mathématiquement calculées pour la prochaine vague haussière.
Lecture de la feuille de route : Les principaux niveaux d’extension
Tout comme pour les retracements, quelques niveaux d'extension clés retiennent particulièrement l'attention des traders institutionnels et particuliers. Chacun d'eux apporte un éclairage différent sur la force potentielle de la tendance.
Extension à 100 % : Ce niveau est souvent appelé « mouvement mesuré » ou « mouvement symétrique ». Il indique un état d’équilibre et de rythme du marché. Lorsque le prix atteint l’extension à 100 %, la seconde vague d’impulsion (le mouvement du point C à la cible) est exactement de même amplitude que la première vague d’impulsion (le mouvement du point A au point B).
De nombreux analystes techniques considèrent cette symétrie comme le point d'achèvement logique d'une vague de tendance classique. C'est une zone fréquente de prises de bénéfices importantes, et un trader peut choisir de vendre une partie de sa position à ce stade. C'est l'objectif d'une tendance saine et bien définie.
L'extension à 161,8 % : Il s'agit du ratio idéal appliqué aux objectifs de profit. Lorsqu'un marché est dans une tendance forte et dynamique, il franchit souvent le niveau d'extension à 100 %. Le prochain palier important pour de nombreux algorithmes institutionnels et traders professionnels est le niveau de 161,8 %. Atteindre cet objectif témoigne d'une force exceptionnelle. La seconde vague d'impulsion est nettement plus longue que la première.
C'est le signe que la force dominante (les acheteurs dans une tendance haussière) exerce une emprise totale. Pour le trader entré en position au point C, voir le prix atteindre ce niveau est une réussite totale. C'est la récompense d'avoir correctement identifié une tendance forte et d'avoir eu la discipline de maintenir sa position malgré de légères corrections.
Les extensions à 261,8 % et 423,6 % : Ces extensions de niveau supérieur sont plus rares. Elles n’interviennent généralement que lors de périodes de spéculation ou de panique extrêmes sur les marchés. Une action qui atteint son extension à 261,8 % est en phase d’ascension parabolique. L’euphorie est générale. Les chaînes d’information financière sont en ébullition.
C’est à ce moment précis que l’alarme se déclenche chez un trader professionnel. Tandis que les amateurs, aveuglés par l’appât du gain, se ruent sur le marché, le professionnel y voit le signe d’un pic de croissance. Il ne s’agit pas ici de se fixer des objectifs ; il encaisse ses derniers profits de manière agressive et guette les signaux de sortie. Ce ne sont pas des opportunités, mais des niveaux de risque extrême.
L'histoire de deux marchands
Revenons à notre trader et à son action technologique . Il doit décider de vendre ou de conserver. Imaginons deux scénarios possibles.
Le trader A, guidé par ses émotions, cède à la peur. Alors que l'action frôle son précédent sommet, il vend la totalité de sa position. Il réalise un profit respectable, avec un ratio risque/rendement de 1:2. Un bref soulagement l'envahit, suivi de jours d'angoisse tandis qu'il voit l'action s'envoler, atteignant finalement le niveau d'extension de 161,8 %. Sa peur lui a coûté la majeure partie de cette progression.
Le trader B, professionnel accompli, met son plan à exécution. Il avait déjà tracé les niveaux d'extension de Fibonacci dès son entrée en position.
- Son plan : vendre 50 % de sa position au niveau d’extension de 100 %. Déplacer le stop-loss sur les 50 % restants à son prix d’entrée initial, rendant ainsi le reste de la transaction « sans risque ». Son objectif final pour la seconde moitié est le niveau d’extension de 161,8 %.
- Exécution : L'action atteint son précédent sommet et poursuit sa progression. À l'approche de l'extension de 100 %, son ordre de vente préétabli est déclenché. Il a ainsi sécurisé ses gains et l'opération ne peut plus lui faire perdre d'argent. La peur a disparu, laissant place à la sérénité d'un plan parfaitement exécuté. L'action continue sa forte ascension. Une semaine plus tard, elle atteint le niveau de 161,8 %. Son second ordre de vente est exécuté. Il a su tirer profit d'un mouvement de marché majeur, maximisant ses gains tout en gérant son risque de manière systématique .
Le trader B ne prédisait pas l'avenir. Il utilisait simplement un outil objectif pour élaborer un plan logique et avait la discipline nécessaire pour le suivre. Il laissait les mathématiques du marché, et non ses émotions, dicter ses sorties. C'est là la différence fondamentale entre un amateur et un professionnel.
