Le marché regorge de traders qui racontent des histoires incroyables sur la fois où ils ont vu leur compte s'accroître considérablement en une semaine. Il regorge aussi de traders qui possédaient autrefois un compte. La différence entre les deux groupes réside rarement dans l'intelligence, la capacité à analyser les graphiques ou l'accès à de meilleures informations. La différence réside dans la gestion des risques.
La gestion des risques n'est pas l'aspect le plus passionnant du trading. Il ne s'agit pas de trouver le point d'entrée idéal ni de prédire le prochain mouvement majeur. Il s'agit de pérennité. C'est le travail fastidieux et répétitif qui consiste à s'assurer que, même en cas d'erreur (et vous vous tromperez souvent), vous puissiez continuer à trader le lendemain.
Sans cela, le trading devient de la spéculation guidée davantage par l'émotion que par la structure.
La première règle : la préservation du capital
L'objectif principal d'un trader professionnel n'est pas de gagner de l'argent, mais de limiter les pertes. Cela peut paraître paradoxal, mais c'est le fondement de toute carrière réussie et durable sur les marchés financiers. Si vous perdez 50 % de votre capital, vous devez réaliser un gain de 100 % pour revenir à l'équilibre. Si vous perdez 90 %, il vous faut un gain de 900 %. Les calculs de récupération sont impitoyables.
La gestion professionnelle des risques commence par une question simple : « Si cette transaction tourne mal, quelles seront les conséquences financières ? »
La réponse ne devrait jamais être « beaucoup ». La plupart des traders professionnels risquent un faible pourcentage fixe de leur capital sur chaque transaction, souvent 1 % ou 2 %. Cette approche leur permet d'enchaîner les erreurs et de conserver une part significative de leur capital. À l'inverse, un trader qui risque 10 % par transaction et qui subit une série de pertes est ruiné avant midi.
Dimensionnement des positions : l’avantage mathématique
La plupart des traders moins expérimentés déterminent la taille de leurs positions en fonction des fonds disponibles ou de leur propre confiance. « J'aime beaucoup cette configuration, alors je vais acheter 1 000 actions. » Il s'agit d'une décision subjective, et non d'une stratégie.
L'approche professionnelle est mathématique. La taille de la position est fonction de la distance de risque.
Si votre prix d'entrée est de 100 $ et votre ordre stop-loss de 95 $, vous risquez 5 $ par action. Si la taille de votre compte vous impose un risque maximal de 200 $ par transaction, vous pouvez acheter exactement 40 actions (200 $ divisés par 5 $). Votre appréciation de l'opération n'a aucune importance : le calcul est la seule limite.
Cette approche normalise le risque. Une transaction volatile avec un stop-loss large entraînera une position plus petite. Une transaction serrée avec un stop-loss court permettra une position plus importante. Dans les deux cas, le montant en jeu reste constant. Cela évite qu'une perte importante due à une forte volatilité n'ait un impact disproportionné sur la performance globale.
Le Stop-Loss : le tueur d'ego
Un ordre stop-loss est un aveu d'échec anticipé. C'est une ligne rouge qui dit : « Si le prix atteint ce niveau, mon analyse est erronée et je me retire. »
Pour de nombreux traders, c'est psychologiquement douloureux. Ils ont l'impression de s'engager dans un échec. Ils éloignent leur ordre stop-loss, espérant un retournement de prix. Ils transforment une transaction en investissement, puis un investissement en un placement à long terme, ce qui entraîne souvent des pertes prolongées.
La gestion professionnelle des risques considère le stop-loss comme un outil, et non comme un jugement. Il est placé à un niveau technique où la stratégie de trading est invalidée : en dessous d’une zone de support, au-dessus d’un niveau de résistance, ou juste à l’extérieur d’une bande de volatilité. Une fois en place, il est rarement déplacé. Il constitue une protection contre les décisions émotionnelles.
Rapport risque/récompense : choisir ses combats
Il n'est pas nécessaire de gagner plus de transactions que d'en perdre pour être rentable. On peut se tromper 60 % du temps, par exemple, et tout de même obtenir des résultats positifs si le nombre de gains dépasse largement celui des pertes.
C'est le principe du ratio risque/rendement. Avant de réaliser une transaction, un professionnel évalue le gain potentiel par rapport au risque de perte prédéfini. Si le risque est de 100 $ et le gain potentiel est également de 100 $ (un ratio de 1:1), la transaction est un jeu de pile ou face. Il faut avoir raison plus de 50 % du temps sur une série de transactions. pour compenser les coûts tels que les commissions.
Si le risque est de 100 $ et le gain potentiel de 300 $ (un ratio de 1:3), vous pouvez perdre deux transactions sur trois et, en théorie, rester proche du seuil de rentabilité . Les professionnels recherchent souvent des opportunités asymétriques où le potentiel de gain est supérieur au risque de perte. Ils éliminent les transactions dont le calcul n'est pas concluant, aussi favorable que puisse paraître le graphique.
Corrélation et risque de portefeuille
Le risque ne se limite pas aux transactions individuelles. Il concerne l'ensemble du portefeuille. Un trader peut se croire diversifié grâce à cinq positions différentes. Cependant, si ces positions consistent à acheter des actions Apple, Microsoft, Nvidia et un ETF technologique, et à vendre à découvert l'or, il est fortement exposé aux mêmes facteurs de marché, notamment le secteur technologique et le dollar américain.
En cas de panne technologique, Plusieurs de ces positions peuvent évoluer simultanément en défaveur du trader . Le risque de 1 % par transaction peut se traduire par une perte en capital beaucoup plus importante sur une courte période.
Les gestionnaires de risques professionnels analysent les corrélations. Ils savent qu'en période de tensions sur les marchés, les actifs ont souvent tendance à chuter simultanément. Ils gèrent l'exposition non seulement par symbole boursier, mais aussi par secteur, classe d'actifs et devise, afin de minimiser l'impact de tout événement macroéconomique sur l'ensemble du portefeuille.
La psychologie du risque
Le plus difficile dans la gestion des risques, ce ne sont pas les calculs, mais la discipline nécessaire pour les respecter même sous le coup de l'émotion. C'est clôturer une position perdante quand on est persuadé qu'elle va s'inverser. C'est réduire la taille de sa position quand on est « certain » d'un gain.
La gestion des risques consiste à accepter l'incertitude. C'est comprendre que l'on ne contrôle pas le marché, mais seulement son exposition à celui-ci. Le professionnel protège son capital comme une ressource limitée, car sa préservation est essentielle pour rester actif sur le marché.
Au final, la gestion des risques est la seule chose que vous puissiez vraiment contrôler. Le marché suivra son cours. Votre rôle est de faire en sorte que, quoi qu'il arrive, vous soyez toujours là pour trader demain .
Dernier rappel : le risque ne dort jamais.
Attention : le trading comporte des risques. Ceci est uniquement une information pédagogique et ne constitue pas un conseil en investissement.